Le Bar de la Mer by Almira Jacques

Auteur:Almira, Jacques [Almira, Jacques]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, General
ISBN: 9782072656545
Google: pWwZDAAAQBAJ
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2016-05-30T22:00:00+00:00

UN HAVRE DE LUMIÈRE

Un matin, Durieu reçut une lettre. Son propriétaire de la rue de Douai le menaçait de poursuites s'il ne se débarrassait pas immédiatement du sous-locataire qui occupait son appartement et faisait un tapage inqualifiable.

Durieu eut du mal à joindre la concierge. Elle hurlait dans l'appareil que depuis son départ on ne cessait pas de faire la nouba chez lui. Les autres locataires ne dormaient plus tranquilles. Ils se plaignaient. On avait dû appeler la police. Un agent avait laissé pour Durieu une convocation rapport à la smala qui logeait chez lui et à des histoires de drogue ; pensez donc, dans un immeuble où il ne s'était jamais rien passé !

Dès le lendemain, la convocation réexpédiée par la concierge arriva. Le commissaire de police de la rue Ballu lui ordonnait de se présenter dans les plus brefs délais.

Durieu appela pour savoir si cette affaire ne pouvait pas se régler par téléphone ou par personne interposée. La secrétaire du commissaire fut formelle, Durieu devait comparaître en personne. Histoire de drogue, vous comprenez... Usage et détention...

Durieu fourra quelques effets dans un sac et s'apprêtait à partir quand le téléphone sonna. Il crut que c'était la police. Zelda l'invitait à dîner. Désemparé, ne sachant s'il devait se rendre à cette invitation ou à la convocation, il prit le parti de tout lui dire. Comme ses explications s'embrouillaient, elle lui proposa de venir déjeuner pour parler de vive voix, après quoi elle pourrait le conduire à l'aéroport ; cela lui éviterait de laisser sa voiture sur le parking pendant son absence. Tant de sollicitude l'émut.

Devant un gratin de courgettes et un verre de rosé, il raconta comment il avait rencontré Djamel. Zelda lui conseillait de dire la vérité, sans parler du joint évidemment, mais en ne perdant pas de vue qu'on a encore le droit d'héberger quelqu'un chez soi. Comme elle lui demandait où il allait dormir, n'étant pas sûr qu'il n'y eût pas de scellés rue de Douai, elle se récria quand il parla d'hôtel et lui proposa de loger chez elle. La rue de l'Abbé-Grégoire était inoccupée, le lit fait. Il s'exclama qu'elle était comme lui, prête à loger n'importe qui sans se soucier qu'il s'agît peut-être d'un trafiquant de drogue. Il accepta sa proposition, non pour économiser le prix de l'hôtel mais pour dormir dans le lit de Zelda, vivre dans un lieu qu'elle occupait parfois et où une partie de sa vie s'était déroulée.

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